Monsieur le Vice-Président du Conseil d’Etat,
Suite à la lettre vous adressée par Mr. Eric Chapel, président de PAKA Chanvre’n Co, notre Institut de Paix de Drogues (DPI - Pays-Bas) se réjouit de le joindre dans ses exclamations de reconnaissance envers votre Conseil. En effet, quand le respect du droit par l’administration est supposé se manifester dans l’application honnête de la loi, le contrôle de cette application ne peut qu’ultimement venir de la source même de cette honnêteté. Votre Conseil, il semble, en a donné une démonstration exemplaire.
Tout en respectant le nouveau langage plastíssime du gouvernement français, on constate en effet que depuis qu’au plus haut niveau de votre pays on a envie d’emmerder, dans son zèle pour mener à bien cette mission le ministre en charge décrit habituellement le cannabis à >0,3% THC comme 'merde'. Vous êtes maintenant intervenu pour l’arrêter quand il a dépassé les bornes légales en décidant d’inclure également le cannabis à <0,3% THC, communément appelé cannabis bien-être, dans cette catégorie calomnieuse.
Puisque votre correction du ministre Darmanin est conforme aux règles européennes aussi en vigueur en France, on aurait pu espérer que ce serviteur de la république aurait retenu la leçon pour qu'il puisse désormais faire la distinction entre ses excréments et les sacrements des autres. Hélas, ce monsieur à déjà fait savoir qu’il « regrette » votre suspension de la décision incriminée et qu’il va récidiver, « jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie ». Il est à espérer que votre Président, qui préside en ce moment l’Union Européenne, se souviendra alors de la responsabilité envers l’Europe de son ministre ainsi que du critère moral qu’il a lui-même défini :« Un irresponsable n’est plus un citoyen.»
Monsieur le Vice-Président du Conseil d’Etat, la suspension en question n’est que provisoire et un examen ultérieur décidera du sort final du cannabis à <0,3% THC en France. J’ose formuler la conviction que le Conseil d’Etat de France confirmera sa décision 460055 et donnera ainsi la certitude à ses citoyens que, même au moment où on décrètera en Europe que le cannabis n’est plus une drogue, vous assurerez qu’en France aussi la loi reste la loi.
Tout en espérant pouvoir utiliser un vocabulaire plus conventionnel dans l’avenir, je vous prie de croire à mes sentiments les plus distingués.
Adriaan Bronkhorst Büller
président
cc
Ambassade de France aux Pays-Bas
Mr. Eric Chapel, Paka Chanvre’n Co
Observatoire européen des drogues et des toxicomanies
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